Je mordille doucement ma lèvre en l'écoutant tout en tentant de rester maître de mes émotions au maximum, ne voulant pas encore une fois me donner en spectacle.

- Même si j'arrive à te pardonner un jour, ce qui n'est pas encore gagné, je ne pourrais jamais oublié... Ce que j'ai subi fait partie de moi et de la personne que j'étais et que je suis devenu par la suite...

Je soupire doucement en songeant que oui, je ne pourrais jamais oublié mais que les sensations s'estomperont surement avec le temps. Beaucoup de temps certainement.

Je fronce les sourcils en l'entendant me dire qu'il n'en a parlé à personne et que si il s'en veut autant comme il le dit, ce qu'il ressent au fond de lui doit lui bouffer le moral et la vie.

- Tu dois voir quelqu'un, Stan ! Et ce n'est pas négociable si tu veux qu'on fasse connaissance... C'est surement la chose la plus dure que je te demande mais tu en as besoin autant que j'en ai besoin pour tenter de passer au dessus de ce qu'on a vêcu...

Je suis assez content, car il évoque l'idée de me pardonner. Même si je sais que ce n'est pas encore acquis. Mais je ferais tout mon possible pour y parvenir.

"Je sais bien que rien n'est encore gagné, mais je ferais tout pour que tu puisse y arriver. J'attendrais le temps qu'il faut pour ça !"

Il semble surpris que je ne me sois pas confié sur ce sujet. Mais je ne pouvais tout simplement pas. Comment dire à quelqu'un que j'ai commis un viol. A cause d'un stupide pari entre potes qui plus est. Je me sens tellement merdeux d'avoir fait une telle chose. Je n'ai jamais voulu me confier.

Alors j'ai gardé tout ça en moi. Et chaque jour qui passait me bouffais à petit feu. Mais j'ai gardé la force, espérant qu'un jour je le retrouverai et que je lui demanderai pardon. Ce jour est arrivé et être face à lui est bien plus compliqué que je le pensais.

"D'accord j'irais voir quelqu'un. Mais je le fais pour toi..."

Si je m'écoutais, je refuserais sa proposition mais, j'ai besoin qu'il me pardonne pour redonner un sens à ma vie. Sans ça elle na plus de sens.

Je suis conscient qu'il va me falloir beaucoup de temps pour lui pardonner et ma soeur ainsi que ma famille adoptive auront autant besoin de temps quand je me déciderais à leur annoncer ce que j'ai vécu et surtout que j'ai retrouvé mon violeur. Ils vont surement vouloir me venger en le faisant souffrir mais si dans le temps, je les aurais laissé faire, je sais que maintenant, je leur demanderais de ne pas lui en vouloir même si ça va être dur pour eux d'accepter ma demande.

- Tu es prêt à attendre des années, Stan ? Parce que ça pourrait durer quelques semaines comme des années pour te pardonner...

Je laisse un sourire éclairé mon visage quand il me dit qu'il le fera pour moi, chose qui me remplit de joie et qui me montre que oui, il regrette vraiment son geste et c'est déjà quelque chose de très important pour moi et de positif pour ma future construction.

- Si tu le veux, on pourra y aller ensemble... Le psy pourra se rendre compte de combien ça a compté pour nous deux et combien c'est important qu'on fasse la démarche ensemble...

Je sais qu'il va falloir du temps à chacun d'entre nous. Je sais que nous devons nous adapté à la situation. Mais je veux que Ariel comprennes à quel point je ne suis pas fier de ce que j'ai fait. Et je sens que petit à petit il s'en rends compte.

"Je saurais être patient. Prends le temps qu'il faut. Même si cela doit durer plusieurs années j'accepte volontiers. Tant qu'à la fin j'obtiens ton pardon ça me va..."

C'est la seule chose que je souhaite réellement, son pardon me redonnera le goût à la vie. Le voir me sourire, me fait chaud au coeur. J'avais peur qu'il soit totalement froid avec moi. Mais pourtant il me propose de m'accompagner voir ce psy. Il est vrai que je me sentirai moins mal, si il était à mes côtés. Il pourrait vraiment se rendre compte à quel point, je souffre intérieurement.

"Oui, je veux bien. Je ne me sens pas d'y aller seul. Avec toi à mes côtés, je ne risque pas de me défiler."

Je hoche doucement la tête, heureux malgré tout que la chose qu'il désire le plus est mon pardon même si cela devait ne pas arriver avant des années, c'est une fois de plus la preuve qu'il s'en veut réellement et qu'il ne fait pas partie de ses connards qui violent sans avoir aucun remords après. C'est un type bien, je commence juste à m'en rendre compte au fur et à mesure de notre discussion.

- C'est vrai que tu ne pourras pas te défiler mais surtout, je veux que tu le fasse pour toi même et pour te sentir mieux... Te sentir bien dans ta peau me fera sans doute me sentir mieux aussi... Tu prends rendez vous chez un psy et je me débrouillerais pour me libérer pour t'accompagner !

Je mordille doucement ma lèvre inférieure, cherchant un sujet de discussion pour nous éloigner de ce qui s'est passé dans le passé.

- Alors comme ça, tu es photographe ? Ou c'était un mensonge pour pouvoir m'approcher ?

Je ne sais pas, si il ressent à quel point je regrette mais peut importe, j'y mettrais toute mon âme afin qu'il y parvienne. Ces mots me touchent en plein cœur. Il semble si compréhensif. Comment se fait-il qu'il m'accorde autant de confiance après tout ça. Il est tellement plein de bonté.

"D'accord, je le ferais pour nous deux, mais surtout pour moi. Je t'en fais la promesse. Je veux que l'on puisse s'en sortir ensemble Ariel. Ok, je te dirais l'heure et la date pour que tu puisses gérer avec ton emploi du temps."


Je le regarde, incapable de me détourner de lui. Je sais pas ce que je ressens exactement, mais je sais en tout cas, que je ne souhaite plus lui faire aucun mal. Je m''en fais intérieurement le serment.

"Je suis bien photographe, je n'ai pas menti à ce propos. Et toi, j'ai pu voir tes créations, tu as beaucoup de talents. Tu as toujours voulu faire ce métier ? "


Je dis en souriant timidement, je marche encore sur des œufs avec lui. Mais j'essaye tant bien que mal de continuer la conversation. Je ne veux pas partir. pas maintenant du moins.

C'est avec un petit sourire sur les lèvres que je l'écoute me dire que oui, il prendra rendez vous chez un psy pour lui mais également pour moi et que je pourrais l'accompagner. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai cette sensation qu'on doit le faire à 2 comme une thérapie qui nous aidera à accepter ce qui s'est passé et à en faire le deuil.

Quand il me confirme qu'il est bien photographe, je souris en coin avant de me lever et de lui tendre un de mes appareils photos, oui même si je suis styliste, j'ai également une passion cachée pour la photographie.

- Dans ce cas, tu ne verras aucuns inconvénients à me montrer ton talent en me prenant en photo. Et pour tout te dire, oui, j'ai toujours voulu être styliste adorant la mode sous toutes ses coutures même si on m'a déjà dit que je pourrais être mannequin, ce n'est pas ce qui m'intéresse en fin de compte...

Je souris doucement en retenant qu'il a déjà vu mes créations, preuves qu'il me suit un minimum pour connaitre certaines de mes collections.

Le fait qu'il me me rejette pas mais qu'au contraire il tente de m'aider, me permet de me détendre un peu plus à ses côtés.
Je souris lorsqu'il me demande si je peux le prendre en photo, pour lui montrer mes talents.

"Oui, bien sûr, mais toi un plus sur ta droite, le reflet de la lumière extérieure, cache ton visage. Voilà parfait, bouge surtout pas."

Je capture le moment. Et j'observe la photo pendant un long moment. Elle est parfaite, enfin c'est plutôt Ariel qui est si parfait. Je lui tends l'appareil photo pour qu'il la voit à son tour. Et je me rappelle de ce qu'il vient de dire. Qu'il pourrait faire mannequin. Et c'est pas faux, il le pourrait réellement. Il dégage une aura ce mec.

"Je rejoins ce qui disent les gens, que tu pourrais être mannequin, regardes cette photo, t'es parfait dessus... Enfin je veux dire la photo est parfaite..."

Je me mets a bégayer ma réponse. Quand il est en face de moi, si mignon et innocent comme maintenant, j'ai envie de le serrer dans mes bras et lui dire à quel point, il me plait énormément. Mais je ne suis pas certain que ce soit le moment pour.

"Et toi, montres moi sur quoi, tu travailles en ce moment. J'aime bien ce que tu fais, j'ai souvent assisté à de nombreux de tes défilés dans l'ombre je l'avoue. "

J'avais besoin de lui avouer ça. Peut être pour lui faire comprendre que je n'ai jamais cessé de penser à lui durant ces deux années écoulées...

Je le laisse prendre l'appareil photo alors que je prend la pose comme il me demande, lui faisant un de mes plus beaux sourires, un de ceux qui font ressortir mes fossettes et qui sont en général réservés à ma famille et à mes amis les plus proches. Je ne peux m'empêcher d'en profiter pour le regarder plus attentivement et surtout regarder ses gestes de photographe. Il a l'air de vraiment s'y connaitre même si certaines choses sont encore à travailler un petit peu.

Je reprends l'appareil, regardant la photo qu'il a faite avec un petit sourire sur les lèvres avant de rougir légèrement en l'entendant me dire que je suis parfait avant qu'il se reprenne en bagayant. Il sait que je ne suis pas prêt pour qu'il s'approche plus et je le remercie intérieurement de ne rien tenter vis à vis de moi même si je suis habitué à ce que les photographes que j'embauche me fasse des avances assez lourdes d'ailleurs.

- Je ne me vois pas du tout mannequin et puis la proximité que cela impose ne me convient vraiment pas depuis 2 ans mais j'ai pensé à cette carrière y'a un peu plus de 2 ans de cela avant d'abandonner cette idée, préférant largement créer des tenues plus ou moins extravagantes...

Suite à sa demande, je me dirige vers mon atelier qui est séparé uniquement par un simple rideau du reste de mon bureau, lui faisant signe de me suivre avant d'étaler les derniers dessins que j'ai fait sous son regard.

- Evites d'en parler pour le moment, tu es le premier à les voir, en avant première en quelque sorte...

Je le laisse s'approcher pour qu'il puisse voir mon travail, travail dont je suis assez fier avant de regarder l'heure et en me disant qu'il me reste encore un peu de temps avant d'aller dans le bar où je me produis 2 fois par semaine depuis quelques mois.