Si je suis né ici à Pasadena et non pas dans un bidonville colombien, c'est grâce au courage de mes parents d'avoir voulu une vie meilleure pour leur nom et leurs enfants. Je suis le plus petit d'une fratrie de deux et j'ai plutôt eu la chance d'avoir pu suivre une scolarité riche pour aborder l'université avec une meilleure ambition que ce que j'aurais pu avoir dans le pays de mes parents. Sport, culture, sorties entre amis dans des endroits où faire la fête, c'était une belle vie que je poursuis toujours à l'heure actuelle en conciliation avec mon boulot dans une entreprise réputée comme l'une des meilleures de l'Etat d'un point de vue industriel.

Le faible écart d'âge entre mon grand frère et moi nous a toujours rapproché dans tout ce qu'on faisait. On était complice à l'école malgré nos deux classes de différence, ce qui m'a aidé à éviter les ennuis durant les premières années. Déjà avant l'adolescence, nous nous mettions en compétition constamment sur tout et n'importe quoi. Une compétition saine, sportive ou ambitieuse jusqu'au jour où cela m'a coûté probablement la petite amie à laquelle je m'étais attaché le plus. L'orgueil d'un mâle, le sentiment de puissance, de pouvoir réussir tout défi jusqu'à coucher avec la meilleure amie de la petite, voilà la connerie. Et comble de l'histoire, aucune culpabilité dans le chef des deux coupables que nous étions le soir où Tyméa nous a surpris dans une improbable scène où son alliée la plus fiable n'a opposé aucune résistance à s'offrir entière au copain. Vision trop compromettante pour que notre couple survive, elle m'a laissé en plan de la même manière que j'ai abandonnée son amie au milieu de nos ébats pour tenter de rattraper la belle qui avait raison de me suivre. J'avais totalement déconné.

Tyméa et moi, ca ressemblait pourtant à la relation cliché entre la bleue de première année et son référent attribué pour son intégration. Car oui je faisais partie du comité des étudiants, de cette assemblée qui s'occupe de toutes les actions pour et en faveur de tous les universitaires. J'aurais pu crusher sur n'importe quelle fille de  troisième, de master comme moi, mais non. Il a fallu que je chavire à l'arrivée de cette nouvelle dans le grand monde qui décide du chemin de tous les inscrits à cette dernière ligne droite qui ouvre les portes du monde professionnel encore plus vaste. Tyméa ressemblait bien plus à ce qui aurait pu finir en coup d'un soir, tout au plus une histoire dont nous nous serions tous les deux lassé pour se satisfaire de peu et de s'accorder à passer à autre chose. Sauf que quelque chose s'est pris dans ma fierté de sortir avec elle, d'être son mec malgré la différence en âge. Et notre amour, peut-être parce qu'il était quelque part véritable à un certain niveau, nous a conservé après mon diplôme jusqu'à cette fameuse lubie inconsciente de vouloir goûter à la meilleure en plus de la plus parfaite au registre de mes exploits. Une erreur dont j'aimerais me faire pardonner, parce que si j'ai tenté de passer à autre chose depuis que Tyméa m'a logiquement jeté, sa meilleure amie l'a tout de suite compris : personne n'égalera la petite dans ma vision de l'amour. Ce sera elle et personne d'autre, j'en ai malheureusement pris conscience un peu tard. Mais pas trop tard j'espère.